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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/103

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était nouée. Renaud pâlit. La corde, serrée autour de ses poignets, venait de se tendre.

— Signerez-vous ? reprit Mathéus.

— Eh bien, je crois que la face l’emporte en laideur sur les deux côtés ! Regardez, vous autres, ajouta Renaud.

Un sourire passa sur les lèvres des valets.

— Tournez encore ! cria Mathéus blême de rage.

La corde fit un tour et entra dans les chairs de Renaud.

Il poussa un cri et ferma les yeux. Il avait le visage d’un mort. Le médecin, qui venait de se glisser dans la chambre, épongea le front du patient baigné de sueur avec un linge imbibé de vinaigre.

Renaud souleva les paupières.

— Ciel ! dit-il, deux masques !

— Tournez toujours ! hurla Mathéus.

Le bâton, saisi par les valets, traça un demi-cercle. Les os craquèrent. La tête de Renaud tomba sur sa poitrine. Le médecin posa les doigts sur une artère.

— Encore un tour, dit-il, et notre prisonnier ne souffrira plus ; ce n’est pas, je crois, ce que vous désirez.

— Non, certes, répondit Mathéus.

Avant même qu’il leur eût fait un signe, les valets desserrèrent les nœuds de la corde maculée de sang.

Renaud respira faiblement. Le médecin lui appliqua sur les tempes et sur le nez le linge inondé de vinaigre. Renaud rouvrit les yeux.

— Eh bien ! qu’en dites-vous ? dit Mathéus.

— De plus en plus laid ! toujours plus laid ! murmura Renaud.

Et il s’évanouit.

Mathéus s’empara d’un poignard qu’il avait à sa ceinture et le leva.

Le médecin lui saisit le bras.