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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/168

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peuples et leurs couronnes. Ah ! le jour où vous quitterez ce palais, seule je pleurerai, mais l’Allemagne entière poussera des cris d’allégresse. Elle croira à la victoire en vous revoyant, et un cortège immense de gentilshommes et de seigneurs vous fera escorte jusqu’aux frontières insultées par les Suédois. N’hésitez donc plus. Partez, monseigneur ; rejoignez les quelques troupes avec lesquelles Pappenheim tient encore la campagne ! demain ce sera une armée, et faites voir à l’Europe étonnée que, s’il est le Soldat, vous êtes le chef !

— Ah ! vous seule m’aimez, Thécla ! s’écria Wallenstein.

Et il donna des ordres pour que les préparatifs du départ fussent hâtés.

La veille du jour qui le vit rentrer dans la lice, Mme d’Igomer demanda la permission de rendre quelque liberté aux deux prisonnières.

Wallenstein fronça le sourcil.

— Elles vous ont bravée, insultée presque ! dit-il.

— Oui, reprit-elle, mais de faibles indices me font espérer que leurs âmes vont s’ouvrir à de meilleurs sentiments ; vous le savez, je suis obstinée dans mes affections. Le séjour de Prague m’est odieux depuis que je sais que vous n’y devez plus rester ; les heures que je ne pourrai pas vous consacrer, – hélas ! le cœur d’un héros appartient à son armée plus qu’à ceux qui l’aiment, – je les passerai loin du tumulte des Cours. Mais, dans cette retraite où je vivrai avec votre souvenir, souffrez que j’emmène la comtesse de Mummelsberg et Mlle de Souvigny. J’ai cette espérance que l’heure du repentir sonnera bientôt pour elles.

Wallenstein n’avait garde de résister à cette voix enchanteresse, et le jour où le vainqueur du comte de Tilly apprenait qu’il allait avoir à combattre un homme qui n’avait jamais