Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/183

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Il souleva une lourde portière dont les plis tombaient dans l’un des angles de la chambre où se tenait Wallenstein, et disparut. Un homme l’attendait à la porte du palais.

— Les chevaux sont-ils là ? demanda le duc.

— Les chevaux ? Deux hommes viennent d’arriver au camp ! répondit le capitaine Jacobus d’une voix sourde : M. de la Guerche et M. de Chaufontaine. Je ne pars plus.

Le duc hésitait.

— Écoutez, reprit le capitaine, l’armistice suspend les hostilités, mais j’ai une vieille dette à payer. Or, je suis bon débiteur ; aujourd’hui les louveteaux, plus tard le loup.

— Restons, alors ! dit François-Albert.

Mme d’Igomer était à Nuremberg avec le duc de Friedland. Informée la première de l’arrivée d’Armand-Louis et de Renaud par un exprès de Jean de Werth, elle n’avait pas voulu qu’ils pussent entrer en conférence avec Wallenstein en son absence. Elle sentait que la lutte engagée à Saint-Wast, et marquée déjà par les terribles épisodes de Saint-Rupert, de Magdebourg et de Rabennest, allait entrer dans une phase nouvelle.

— Voilà les deux aventuriers dont je vous ai parlé, dit-elle négligemment à Wallenstein ; les chasseurs suivent la piste du gibier, mais il a plu à Sa Majesté le roi de Suède de les revêtir du caractère solennel d’ambassadeurs. Faites-leur cet honneur de les recevoir en présence de tous vos officiers.

La chose fut décidée ainsi que l’avait désiré Mme d’Igomer. Le lendemain, à midi, deux officiers conduisirent M. de la Guerche et M. de Chaufontaine au palais. Des chambellans, des écuyers, des pages, encombraient les antichambres et le grand escalier. Les envoyés de Gustave-Adolphe marchaient entre deux haies de mousquetaires. Une