Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/184

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porte à deux larges battants s’ouvrit, et ils entrèrent dans une salle toute remplie d’une foule de gentilshommes.

Tout au bout de la salle, Wallenstein était assis dans un fauteuil doré, comme un prince souverain qui donne audience à sa Cour. Près de lui, et magnifiquement vêtue d’une robe de brocart d’or, se tenait Mme d’Igomer.

Renaud la vit, et leurs regards se croisèrent.

— Nous sommes perdus ! dit-il à son ami.

Armand-Louis eut un léger frisson ; mais, sans rien laisser voir de son émotion, il présenta ses lettres de créance à Wallenstein, qui en prit lecture.

— L’échange des prisonniers aura lieu, dit-il après. Homme pour homme, officier pour officier. Un de mes aides de camp vous remettra la liste nominative des Suédois que la fortune des armes a fait tomber dans nos mains. Vous êtes libre, monsieur, de rester à Nuremberg jusqu’à complète ratification de ces conventions.

Wallenstein fit un léger salut de la tête comme s’il allait se retirer.

— Ce n’est pas tout, dit Armand-Louis vivement.

Mme d’Igomer échangea un regard avec Wallenstein et sourit ; Wallenstein resta.

— Deux femmes ont été enlevées par les troupes impériales à Magdebourg, poursuivit M. de la Guerche, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan. Je viens, s’il est besoin, traiter de leur rançon.

— M. le comte de Tilly est mort, et les choses ne sont plus telles qu’il les avait laissées, répondit Wallenstein, avec hauteur. Nous avons plus d’or, grâce à Dieu, qu’il ne nous en faut pour nous et les besoins de notre armée.

— Si vous les retenez en qualité de prisonnières de guerre, accordez-nous, du moins pour elles, monsieur le duc, la faculté d’échange.