Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/231

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à sa tristesse. Hélas ! celles dont le cœur est pris ne sont pas gaies !

Un soupir souleva la poitrine de Yerta ; promenant alors son regard sur la forêt :

— À présent que vous êtes venu, poursuivit-elle, indiquez-moi ce qu’il faut que je fasse, je le ferai.

— Peux-tu, ne fût-ce que pendant une heure, nous introduire dans le château ? Peux-tu faire en sorte que la poterne soit ouverte un soir ? dit Magnus ; il me semble qu’elle n’est pas toujours fermée.

Yerta rougit.

— Oui, dit-elle, un homme en sort quelquefois sur les pas d’une zingara dont la pensée est ailleurs ; il est amoureux, donc il est aveugle ; si je le veux, la poterne sera ouverte.

— Alors Adrienne est sauvée ! s’écria M. de la Guerche.

On vit comme une ombre passer sur le visage de Yerta.

— Il y a un homme que je tromperai…, reprit-elle avec effort.

— Patricio Bempo ? dit Magnus.

— Oui, Patricio Bempo : si le sang doit couler, vous lui laisserez la vie sauve ?

— Je te le jure, répondit Armand-Louis.

Yerta ôta la bague que Magnus avait passée à son doigt.

— Reprenez ce bijou : il ne doit y avoir entre nous ni or ni argent, reprit-elle ; ce soir je verrai Patricio Bempo.

— Un mot encore ! s’écria M. de la Guerche, qui retint Yerta au moment où elle s’éloignait. Si par toi, et ma vie ne sera pas assez longue pour te bénir, je dois sauver Adrienne, essaye de la voir, dis-lui que des amis veillent autour d’elle, qu’elle soit prête à nous suivre lorsque sonnera l’heure de la délivrance.

Yerta parut réfléchir un instant. Ce n’était plus la jeune fille