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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/276

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Deux ou trois coups de feu suivis d’une violente décharge les interrompirent.

— Voici que Jean de Werth a envie de causer ! dit Magnus.

— Causons donc ! soupira Carquefou.

Mais, tandis que M. de la Guerche courait vers le point menacé, Magnus prit à part M. de Chaufontaine et lui raconta ce que Carquefou venait de lui apprendre.

— Il faut nous diviser en deux bandes ; tout à l’heure, vous aurez fort à faire du côté de la forêt ; si nous ne pensions qu’aux cavaliers de Jean de Werth, ses fantassins nous auraient bientôt enfumés comme des rats !

M. de Voiras et M. de Saint-Paer suivirent Renaud, M. de Collonges s’attacha à M. de la Guerche ; une poignée de trente dragons fut laissée sous les ordres de M. d’Arrandes pour se porter rapidement vers le point le plus menacé, et la fusillade éclata de toutes parts.

La population du village, épouvantée, se porta sous les voûtes d’une pauvre chapelle ; Adrienne et Diane tombèrent à genoux sur le seuil de leur maison.

À mesure qu’elles élevaient leurs voix vers Dieu, les balles pétillaient sur les toits et rebondissaient contre les murailles ; c’était comme une grêle un jour d’orage ; le roulement ne s’arrêtait pas ; quelquefois de grands cris en interrompaient le sinistre retentissement : ils annonçaient qu’un coup heureux avait été frappé tantôt par l’un, tantôt par l’autre des deux partis ; un nuage de fumée s’étendait sur le village entier.

La plupart des cavaliers de Jean de Werth avaient mis pied à terre et s’efforçaient de pénétrer à travers les brèches qu’ils essayaient d’ouvrir dans les abatis. Les haches, les crocs, les pieux, tout leur était bon pour vaincre ces obstacles, semblables à de gigantesques chevaux de frise ; mais les