Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/286

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que deux gros nuages de fumée traversés par des éclairs ; puis on apportait un blessé sur une civière, et ceux qui le portaient le déposaient sous un hangar ou dans une grange, et retournaient au combat en toute hâte.

— Adieu, disait le blessé à ceux qui le portaient.

— Adieu, répondaient les soldats.

Alors Adrienne et Diane quittaient leur asile et couraient offrir leurs secours et leurs consolations à celui qui venait de tomber.

Quelquefois, quand elles arrivaient, elles n’avaient que des prières à lui donner.

La nuit vint et mit un terme aux attaques des Impériaux. Ils n’avaient pas encore pu, malgré leurs assauts vingt fois répétés, entamer les barricades ni déloger les huguenots des maisons avancées et des jardins qui faisaient une ceinture au village ; mais s’ils avaient perdu un bon nombre des leurs, les dragons comptaient beaucoup de victimes dans leurs rangs. On s’était abordé de front maintes fois, et M. de Voiras avait dû accourir à la tête de la réserve pour dégager les points menacés.

M. de la Guerche passa l’inspection des lignes ; partout, il trouva la même résolution et le même entrain, mais M. d’Arrandes ni aucun autre de ses compagnons ne disaient plus : « Qui sait ! »

— On peut calculer combien de jours nous avons encore à vivre, s’écria M. de Collonges d’un air de belle humeur ; c’est une règle de proportion. Si en vingt-quatre heures nous perdons trente hommes, combien de jours faudra-t-il pour détruire jusqu’au dernier ceux qui restent debout ?

— Je ne sais pas l’arithmétique, répondit M. de Saint-Paer en souriant.

On ne parla pas beaucoup cependant, quand vint l’heure de la veillée ; les têtes les plus jeunes et les plus folles s’