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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/287

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étonnaient d’incliner vers les plus sérieuses méditations. On pensait à la patrie lointaine, qu’on ne reverrait plus ; à ceux qu’on aimait, et dont la voix ne serait plus entendue. Quelques larmes furtives mouillaient des moustaches blondes, puis le refrain d’une chanson troublait le silence imposant de la nuit.

Magnus, infatigable encore après la bataille, ne se lassait pas d’interroger les marais qui entouraient le village, pour y découvrir un passage ; mais, partout s’étendait l’eau vaseuse et sans fond, nulle part de sentier.

Au retour de son excursion, il se rendit auprès de M. de la Guerche, et, secouant la tête :

— Dieu est le maître, dit-il.

Seul, Renaud conservait une apparence d’espoir.

Le dernier coup parti, il courait auprès de Diane et oubliait tout. Si elle le rappelait au sentiment de leur situation, il souriait.

— Par sainte Estocade, ma patronne, disait-il, pensez-vous que je sois venu de La Rochelle tout exprès pour trépasser en Allemagne ? Rayez cela de vos papiers… s’il vous plaît !

Mais, aux premiers feux du jour, le marquis de Chaufontaine reparaissait à son poste et ne le quittait plus.

Il était du côté de la vallée, comme M. de la Guerche du côté de la plaine, le lendemain du jour où l’envoyé de Jean de Werth avait porté aux dragons les propositions de son maître ; mais ce jour-là, au grand étonnement des Français, le matin commença sans coups de fusil.

— Ils réservent leur musique pour saluer le soleil, dit Renaud.

Le soleil parut, et l’on n’entendit rien.

Une heure passa, puis une autre encore ; autour du village toujours le même silence.