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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/288

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L’impatience s’empara de Magnus et de Carquefou. Chacun de son côté, ils se glissèrent hors du village. Les sentinelles ennemies étaient à leur place, les soldats à leurs rangs.

Jean de Werth se promenait à cheval, inspectant quelques travaux qu’on exécutait à grand renfort de bras à certains endroits dont des officiers mesuraient l’étendue. Du bout de sa canne, le baron semblait en indiquer la destination à Mme d’Igomer, qui l’approuvait du geste.

« Voilà qui n’annonce rien de bon », pensa Magnus.

Une fusée blanche partit du côté de la plaine ; une fusée rouge lui répondit du côté de la vallée.

Magnus rentra au quartier, où M. de la Guerche attendait son rapport ; il y trouva Carquefou qui donnait des renseignements identiques avec ceux que lui-même apportait. Aux deux extrémités du village c’était mêmes travaux et même immobilité.

— Eh ! eh ! dit M. de Collonges, veulent-ils nous prendre par la famine ?

— Messieurs, répondit Renaud, si la bataille chôme, ne souffrons pas que le déjeuner l’imite.

C’était là pour Carquefou le côté épineux de la question. Ce qu’il avait pu voir le jour de leur arrivée lui donnait une médiocre opinion des ressources du village au point de vue culinaire. Tout ce qu’on avait découvert était consommé, et il ne lui paraissait pas certain qu’on put remplacer ce qui n’existait plus. Mais une sorte de miracle s’était produit dans le village. Aux premiers pas que certains dragons, dont l’appétit s’ouvrait de bonne heure, hasardèrent le long des chaumières, ils furent agréablement surpris par la vue de nombreuses compagnies de volailles qui sortaient de diverses basses-cours. D’honnêtes moutons et de pacifiques veaux rendus à la lumière accouraient à la file, poussés par des