chèrement leur vie. Chaque soldat tombait à son tour. Les Croates, répandus partout, se jetaient à cheval dans les églises et massacraient impitoyablement des troupeaux de femmes agenouillées. Leurs sabres ne se lassaient pas de frapper. Le pillage venait en aide au carnage. Une foule épouvantée, chassée hors des maisons, courait au hasard dans la ville, poursuivie par des bandes que l’ivresse du triomphe et du sang rendait implacables. On tuait pour tuer ; on brûlait pour détruire. L’incendie promenait ses ravages de rue en rue.
Au milieu de cette fournaise qui avait été Magdebourg, Armand-Louis et ses compagnons essayaient de s’ouvrir un passage jusqu’aux portes. Mais que d’obstacles devant eux ! Là, une rue était obstruée par la chute d’un clocher d’où sortait un tourbillon de fumée noire ; plus loin, une compagnie de Wallons achevait d’incendier un quartier, et repoussait les fugitifs dans les flammes à coups de piques. Cependant les quatre soldats avançaient toujours, protégés en quelque sorte par le tumulte et la terreur de cette œuvre de destruction. Si quelques cavaliers croates ou hongrois les regardaient de trop près, l’épée de Renaud ou de Magnus les avait bientôt jetés par terre. Adrienne et Diane toutes frissonnantes fermaient les yeux, tandis que leurs chevaux bondissaient par-dessus les cadavres. Quand ils apercevaient au loin une troupe nombreuse d’Impériaux, les fugitifs se cachaient derrière un mur fumant ou sous la voûte effondrée et chaude encore d’une chapelle ; la troupe éloignée, ils reprenaient leur marche.
Une compagnie de cavaliers passa tout à coup devant eux, tandis qu’ils tournaient l’angle d’un bâtiment qu’un reste d’incendie dévorait. Tous suivaient au galop un homme vêtu d’un pourpoint de satin vert qui paraissait être leur chef ; une plume écarlate flottait sur son feutre gris et de sa