Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/46

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pointe balayait l’épaule du cavalier ; profil maigre, barbe rouge, regard de loup.

— Le comte de Tilly ! murmura Magnus.

Carquefou se signa, puis, soulevant un mousquet accroché à l’arçon de sa selle, et qu’il réservait pour une circonstance suprême :

— S’il se retourne, il a vu son dernier jour, dit-il.

L’escadron passa. Un homme galopait à côté du comte de Tilly ; un grand manteau de drap vert enveloppait sa taille.

— Si ce n’est pas le duc de Saxe-Lauenbourg, c’est son fantôme, dit Armand-Louis.

Carquefou reposa le mousquet sur le pommeau de la selle.

— Voilà, dit-il, une balle qui perd l’occasion de se loger dans le corps d’un illustre coquin !

Ils n’étaient plus loin des remparts, lorsqu’une troupe de bourgeois tout sanglants passa près d’eux poursuivie par un régiment d’Impériaux.

— Ah ! mieux vaut mourir ici que de fuir encore ! dit l’un des bourgeois.

Et tous se rangèrent dans le fond d’un jardin.

Armand-Louis jeta les yeux autour de lui : on ne voyait partout que piques et mousquets, visages menaçants et sabres ensanglantés. Le torrent des bourgeois les avait entraînés dans le jardin, qu’une vieille muraille protégeait de trois côtés.

Tandis que M. de la Guerche cherchait une brèche, une troupe de soldats se jeta dans le jardin sur les pas des bourgeois.

— Mort aux hérétiques ! mort aux rebelles ! cria un officier wallon.

Une volée de balles partit et décima les rangs mutilés des bourgeois.