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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/82

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c’est vrai, mais ils ont force pistolets à la ceinture.

— Je connais l’un d’eux, répondit Mathéus. Sa peau ne vaut pas un florin… Cependant, que quelqu’un aille voir ce qu’ils font, son camarade et lui.

Un moine se glissa du côté des écuries et revint promptement.

— L’un des valets ronfle sur un tas de paille, dit-il ; l’autre veille le pistolet au poing, l’épée sur le genou. Je n’ai point osé me faire voir.

— Et vous avez bien fait ; dépêchons seulement, reprit maître Innocent, que de petits frissons faisaient continuellement trembler.

Le passage traversé et l’escalier descendu, les deux complices parvinrent dans une arrière-cour, au milieu de laquelle une litière était préparée, attelée de deux mules. On coucha les prisonniers dans la litière côte à côte, après que Mathéus Orlscopp eut touché du doigt chacune des lanières qui les garrottaient.

— Gardez-vous de faire aucun mouvement, leur dit-il avant de fermer les rideaux ; à la première alerte deux balles vous casseraient la tête.

Maître Innocent comptait dans un coin les pièces d’or que Mathéus Orlscopp avait versées dans sa main.

— Elles sont peut-être un peu légères, dit-il ; mais, entre amis, on ne s’arrête pas à ces bagatelles.

Le son d’une trompette le fit sauter sur ses pieds :

— Les Suédois, peut-être ! reprit-il en pâlissant.

Mathéus Orlscopp fronça le sourcil, et, armant ses pistolets :

— Tant pis pour vous, messieurs, dit-il, en appuyant la main sur la litière.

Il venait de s’envelopper d’une robe de bure et d’en rabattre le capuchon. D’un geste hautain, il fit ouvrir la porte