Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/87

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comme un loup parmi les décombres. De sourdes imprécations sortaient de ses lèvres ; il était pâle à faire peur.

Un capuchon de bure se trouva sous ses pieds.

— Ah ! ce sont eux ! cria-t-il, et nous n’avons rien entendu… mais je ne suis donc plus Magnus !

Un instant la douleur fut plus forte que son indomptable énergie ; le vieux reître tomba sur une pierre, le visage entre ses mains.

— Mon pauvre maître ! qu’en ont-ils fait ? répétait-il en sanglotant.

Tout à coup, il se leva, et tendant la main à Carquefou, qui pleurait aussi :

— Frère, dit-il, Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan aux mains de M. de Pappenheim. M. de la Guerche et M. de Chaufontaine volés par Jean de Werth, car c’est lui, vois-tu, il ne leur reste plus à elles et à eux que nous ; mais si tu es bien résolu à tout tenter, comme je le suis moi-même, qu’ils prennent garde ! ils ne savent pas ce que deux hommes peuvent faire !

— Compte sur moi, Magnus : commande et j’obéirai, répondit simplement Carquefou.

— Veux-tu jurer avec moi qu’au péril de la vie, et fallût-il pousser jusqu’au bout du monde, nous sauverons M. de la Guerche et M. de Chaufontaine et que si l’un de nous succombe, l’autre dévouera son sang à cette entreprise sacrée et y laissera ses os ?

— Je le jure !

— En chasse alors ! Il y a devant nous des bêtes fauves : nous les tuerons !

Carquefou se trouva en selle aussi vite que Magnus. Il n’avait plus faim, il n’avait plus soif, il n’avait plus peur. Le premier soin des cavaliers, après avoir battu les environs