Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/88

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de l’auberge, fut de suivre la direction qu’avait prise le troupeau des moines ; ils arrivèrent ainsi à la forêt de sapins et découvrirent la litière renversée au fond du ravin. Magnus la montra du doigt à Carquefou.

— Ils étaient là-dedans, comprends-tu ? dit-il.

Il n’y avait aucune trace de sang autour de la litière ; l’idée d’un meurtre ne pouvait donc pas se présenter à leur esprit. D’ailleurs, si on avait voulu tuer M. de la Guerche et M. de Chaufontaine, on ne les aurait pas enlevés.

— Cherchons toujours ! reprit Carquefou.

Mais à l’extrémité de la clairière, au centre de laquelle les ravisseurs avaient fait halte, les traces nombreuses imprimées sur le sol par les pieds des chevaux bifurquaient tout à coup. Deux longues traces qui couraient en sens inverse s’étendaient devant eux. Magnus retint la bride de son cheval.

— Prends à gauche, je prends à droite, dit-il à Carquefou ; celui d’entre nous qui atteindra le premier la lisière de la forêt, la suivra à la rencontre de l’autre. Aie l’œil ouvert, l’oreille tendue. Si tu découvres la bande, casse une branche et incline-la dans la direction que tu auras prise ; je ne tarderai pas à te rejoindre. Ainsi ferai-je de mon côté.

Magnus et Carquefou s’enfoncèrent sous les voûtes sombres de la forêt. Deux heures après, ils se rencontraient sur la lisière des sapins, l’un venant de l’est, l’autre de l’ouest.

— Rien, dit Carquefou, si ce n’est des pas de chevaux dans le sable, il y en a par centaines sur la route.

— Tu as suivi une fausse piste, répondit Magnus : moi j’ai la bonne.

— Tu as vu le moine ?

— Le moine ? crois-tu donc qu’il ait gardé sa robe ?… Non !