Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/89

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non ! mais une pauvresse, qui ramassait du bois mort, m’a raconté qu’elle avait vu passer deux prisonniers, liés sur des chevaux au milieu d’une troupe d’hommes armés. Ils allaient grand train.

— Allassent-ils plus vite que le vent, nous les atteindrons ! s’écria Carquefou.

La route dans laquelle ils venaient de se jeter les conduisit dans un gros bourg, où l’on avait vu dans la journée vingt troupes de cavaliers ; quant aux prisonniers, on en comptait par douzaines, ceux-là jeunes, ceux-ci vieux. Quelques-unes de ces bandes s’étaient arrêtées, d’autres avaient poursuivi leur chemin. Magnus et Carquefou couraient d’auberge en auberge sans se lasser, épiant et questionnant.

Ils n’avaient découvert aucun indice encore, lorsqu’un valet d’écurie leur parla d’un cavalier que son cheval avait renversé au moment où il mettait le pied à l’étrier. Dans sa chute, l’homme s’était cassé la jambe ; on avait dû le porter dans une salle basse.

— Ce qu’il y a de plus singulier, ajouta le valet d’écurie, c’est que ce pauvre diable, qui jurait comme un païen, portait un énorme chapelet autour du cou : on aurait dit le chapelet d’un moine.

Ce fut pour Magnus un trait de lumière.

— Menez-moi vite auprès de cet homme, dit-il en échangeant un regard avec Carquefou, c’est lui que nous cherchons… Sera-t-il content de nous voir, bon Dieu !

Carquefou ne souffla mot et suivit Magnus, que le valet conduisait dans la chambre du blessé.

— Eh ! camarade ! dit le valet en poussant la porte, voilà des amis qui vous arrivent !

À la vue de Magnus et de Carquefou, qu’il reconnut au premier coup d’œil, à la clarté d’une chandelle, le blessé fit un