Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/202

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Rosalie devait souffrir aussi de se voir enlever l’affection de sa sœur, et il s’attacha d’autant plus à elle ; même il lui fit des protestations touchantes d’amitié, lui promettant que toujours elle trouverait en lui un tendre protecteur. Il n’en fallait pas tant pour toucher un cœur sensible, et dès lors, encore plus qu’avant, l’amour pour Charles remplit la vie de Rosalie, amour très maternel, mais très jaloux aussi, comme le sont souvent les amours de mère. C’est ce qui fait que les plus grandes douleurs réservées dans l’avenir à Rosalie lui seront causées par la femme qui lui prendra définitivement le cœur de son frère.

En attendant, rien de plus touchant que les efforts loyaux faits par la sœur aînée pour aimer les jeunes filles qu’aime le très inflammable Charles. On a vu qu’il se fiança successivement à Lausanne avec deux personnes ; la première était très coquette, l’autre fut victime du despotisme jaloux de ses parents. Rosalie si sincère, si exempte de vanité, ne pouvait en conscience approuver le choix de son frère ; son bon sens lui disait qu’il ne serait pas heureux ; mais elle avait pour lui tant d’admiration, elle crai-