Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/21

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Cette lettre donnera une idée de l’état de son esprit :


« 19 janvier 1781, Canton… Si vous avez encore un peu d’amitié pour moi, vous sentirez dans quelle affreuse situation vous m’avez réduit. Je ne sais à quoi attribuer votre silence. Qu’ai-je fait pour mériter une si cruelle punition ? Abandonné à moi-même dans un païs de sauvages où l’on ne respire que l’ennui et le désagrément, il faut étouffer mes sentimens, personne ne m’en témoigne. Il y a ici environ soixante Européens qui restent après le départ des vaisseaux, dont il y a quatre ou cinq qui sont élevés comme des personnes comme il faut ; les autres n’ont de plus grand plaisir que de bien manger et de bien se soûler. À Macao, il y a quelques dames européennes que ces ostrogoths regardent comme des déesses et qui me paraissent des lavandières, je ne cultive nullement leur amitié[1]. »


Enfin, au commencement de 1782, les rares amis que Charles s’était faits lui con-

  1. MCC. Bibliothèque de Genève.