Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/241

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de sa mère et de Narbonne, a mis beaucoup de mouvement dans le païs. Cela est drôle. Isabelle et Constance me font des descriptions tout à fait opposées. Ne crains rien pour la Suisse. Nous sommes bien en sureté. Buonaparte a lâché prise. Le Directoire a rassuré, tout va bien ; mais en France, tout va mal. Benjamin a refusé des places, il ferait bien de quitter cette arène où il reçoit tant de coups.

« Les malheureux émigrés sont chassés impitoyablement du païs sans égard à leur âge, à leurs maladies, à leur manque total d’argent et de ressources. Le cœur est déchiré d’un tel spectacle. Les locataires de ma Tante sont aussi forcés de s’en aller et elle leur rendra le loyer qu’ils avaient payé d’avance. Au milieu de mille troubles la petite fête pour Mme Necker a eu lieu chez ma tante. Boissier fit le rôle d’une femme qui arrive de Paris dans le costume exagéré du moment, nuque et bras nuds, tête ronde, etc. Mme Boissier était en Incroyable, Saladin, déclamateur, sa femme cuisinière, Pictet, poète, mais, après avoir fait six pages de vers, il ne put en dire un mot, il jeta sa perruque sur les spectateurs et