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Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/249

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27 mars. — Comme tu as bien vu notre Révolution ! Ton sentiment est celui d’un homme juste et délicat, ce qui est assez rare dans ces tems-ci. Elle va son train avec assez de douceur, cette révolution, on peut respirer depuis que le sang ne coule plus en Suisse. Sans l’armée française qui nous accable et nous dévore, nous serions presque heureux, au moins en espérances, mais ces vainqueurs au milieu de nous détruisent la liberté individuelle, appauvrissent le pays et troublent la vie. On dit qu’il doit rester 25,000 Français en Suisse. Il en a passé beaucoup, se rendant à Genève et en Italie. Cette guerre, ce pillage des environs de Berne les ont enhardis, ils sont moins disciplinés, font beaucoup plus de petits vols et de désordre.

« Les rues sont pleines comme en tems de foire. On est coudoyé, les soldats parlent, crient et chantent, c’est une rumeur continuelle.

« Genève est encore plus à plaindre que nous, tourmentée par les insinuations et même les instances de se donner à la France. Le Résident fait des pratiques inouies pour cela. Il veut, dit-on, s’en faire