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PARTENZA…

par son caractère obscène autant que par la magistrale exécution du sujet figé dans un Paros éblouissant, — est le Satyre au Bouc. Il est vrai que les femmes égyptiennes se prostituaient, dans son temple de Mendès, au Bouc Sacré tombé du signe Zodiacal. Mais le statuaire dédaigna cette union quasi rituelle et substitua dans ce groupe, avec une incomparable maîtrise, l’activité ardente d’un satyre à la passivité d’une femme ! Si la loi musulmane autorisait la représentation des figures humaines et qu’un sculpteur capricieux se plût en la licence d’un semblable sujet, aujourd’hui même certaine tribu au nord du Maroc fournirait les éléments naturels qui constituent l’étrangeté odieuse de cet accouplement. Et Virgile n’a pas su taire l’existence en son temps d’une impudicité dont je n’aurais pas voulu charger l’élégance des pâtres latins :

Novimus et qui te… transversa tuentibus hircis,
Et quo, sed faciles nymphæ risere, sacello.

(Virg., Egl. 3).

L’occasion est rare de vérifier mieux que dans une œuvre aussi franchement licencieuse la possibilité de faire accepter les pires dérèglements en les plaçant sous l’égide intangible de l’art et de la beauté.

L’homme aux pieds de chèvre, agenouillé dans le travail heureux de ses sens recueillis, s’amuse aussi à voir se détourner vers lui la tête camuse et le menton barbu de son complice aux yeux curieusement nuancés d’un étonnement indécis entre le plaisir et l’indifférence. Le faune sourit à la béatitude animale. Les élans de