réalisation de cette œuvre devant laquelle s’inclinent les plus grands d’entre nous ; ces habiles fondeurs, ces ciseleurs délicats, manieurs de bronze, de métaux précieux ou d’argile, d’ivoire ou de marbre qu’ils façonnaient et jetaient, matières inertes, toutes vibrantes de leur génie dans ce foyer d’où s’échappent à flots les purs rayonnements de tous les arts : Florence, à qui chaque siècle en passant apporte l’hommage de son admiration et de son étonnement…
Le soleil glisse des faisceaux de lumières par les arcades qui mènent du Vieux-Pont aux Uffizi ; et malgré cette clarté, l’ombre très dense est plus épaisse encore et froide dans le long couloir à l’extrémité duquel apparaît, formidable, le Palazzo-Vecchio. Sa grosse tour se dresse, puissamment armée d’un double rang de créneaux, aussi surprenante par la hardiesse de sa masse élevée en porte-à-faux sur la terrasse du Palais, que par l’élégante pesanteur en laquelle se résume et s’épanouit de saisissante façon le plus beau style florentin, comme si Florence pouvait être, d’un seul bloc, personnifiée dans ce colosse rugueux qui est à la fois sa tête et son cœur.
Un dieu me préserve des importuns, car je suis encore à peu près seul à monter le grand escalier de marbre conduisant au Musée. Tout de suite après la salle où l’on admire le fameux Sanglier, le jour clair que j’avais oublié sous les colonnades sombres d’en bas vient frapper les vitrages, éclairant bien en face les bustes, les tapisseries et les peintures réunis dans