la triple galerie développée sur les trois faces du palais.
J’admire l’ordonnance parfaite du Musée. De jolis sièges en X satisfont la fantaisie possible de faire une station devant quelque œuvre préférée. Je passe rapidement, mais je suis si bien seul que c’est un incomparable dédommagement à la trop grande brièveté de ma visite ; je vois mieux ainsi, en silence, comme à Naples, les œuvres choisies auxquelles j’ai décidé d’avance de me consacrer. J’entre à la Tribune, petite pièce octogonale, soignée, coquette et recueillie, véritable sanctuaire privilégié ménagé dans un coin du temple spacieux des Uffizi. Cinq marbres font cercle autour de la salle et laissent voir entre leurs incorruptibles nudités le coloris exquis des toiles dans le rutilement de leurs cadres d’or. À terre, d’épais tapis rouges amortissent le bruit des pas, et il me semble que si je parlais ici ce serait à voix très basse, comme en face d’illustres personnages ; mais je suis absolument seul, enfoncé dans un siège de velours et d’or… Ces détails sur des choses sans aucun rapport avec les peintures ou les sculptures mêmes paraissent superflus ; c’est qu’il n’est pas banal le milieu dans lequel on a su grouper des œuvres ravissantes, épanouies dans l’or et la pourpre de ce tranquille salonnet.
Du geste candide de ses mains, la Vénus de Médicis est impuissante à dissimuler les charmes de son corps frémissant de jeune fille, la robustesse de sa jeune poitrine et la grâce de ses cuisses adorablement effarouchées, ployantes et inquiètes sous le regard de quelque heureux indiscret.