Le Faune joyeux danse comme celui de Naples, et sous ses pieds sortent les gaies chansons d’une outre gonflée d’air.
Une riche floraison de chairs entrelacées, de muscles empoignés et fondus dans la rude étreinte des Lutteurs ; la tiédeur de la peau se communique d’un corps à l’autre ; on songe aux jeux barbares du cirque, aux amis tendrement unis parfois, contraints de lutter jusqu’à la tuerie, et l’on se demande ce que pouvait être l’embrassement de ces deux corps, de ces deux âmes broyées dans le suprême enlacement de la mort.
Aussi charmant que l’Apollon de Tibulle, l’Apollon de la Tribune a les seize ans de son frère de Naples ; et si l’ouvrier sublime dont le ciseau tailla dans le marbre cette fraîche adolescence pouvait entendre un reproche, ce serait assurément pour avoir donné trop de grâce troublante à cet éphèbe joli comme une jolie fille. Il en a presque les formes onduleuses et souples et parfaitement unies, les jambes et les hanches rondes et masculines pourtant, le corps si pudique simplement offert aux regards dans l’éclat de sa triomphante nudité, avec, sur les lèvres, le demi-sourire conscient de cette beauté frêle qui l’a fait surnommer l’Apollino.
Le Saint Jean de Raphaël, c’est Ménalcas, le Ménalcas païen de Virgile, avec ses tendres yeux noirs, fougueux dans son fier visage aux traits virils, où le sang à fleur de chair attiédit le pigment bronzé de la peau ; ses cheveux bruns et bouclés donnent à sa physionomie ce je ne sais quoi de mâle vaillance qui manque si voluptueusement à la douce beauté grecque