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PARTENZA…

de l’Apollino. Saint Jean, c’est le beau pâtre joueur de syrinx, nu dans la splendeur des champs napolitains ; et l’on ne voit pas dans ce corps de jeune garçon, où vont éclater brutalement tous les désirs de sa chair ardente et magnifique, le futur ascète du désert ; dans la vigueur prometteuse du gamin de quinze ans, le visage émacié et illuminé du Précurseur.

Quelles courtisanes eurent jamais la carnation radieuse des Vénus du Titien, l’une languissamment couchée sur un lit, l’autre étendue, fine et séduisante, sur une draperie de velours rouge ? De la seule palette du maître coloriste pouvaient naître ces créatures d’une sensuelle et voluptueuse perfection, et son pinceau était digne d’honorer la main d’un empereur à l’égal du sceptre le plus glorieux.

Si charmante, la Vierge au chardonneret, d’un si calme visage de jeune fille pleine de grâce et de pureté, auprès des regards souillés de péchés des femmes du Titien ; c’est à ce joli tableau que je m’arrête avant de quitter la Tribune, tandis que flamboient dans les richesses des cadres ces noms qu’il me faut rapidement saluer d’un regard : le Dominiquin, le Guide, le Pérugin, Mantegna, Andrea del Sarto, Véronèse, Rubens, Albert Dürer, tous, dont les œuvres ont réjoui et contenté tant de regards déjà depuis tant de siècles ; les grands, les illustres dont les pensées sont demeurées là, vivantes, écrites comme dans un livre où viennent lire indistinctement tous les peuples, la langue universelle de l’immortelle et reposante Beauté.

Quelle folie de se hâter, quand à chaque pas se