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PARTENZA…

garde guère, — ils sont trop près des diamants de la Couronne…

J’ai la vision de cette galerie déserte en voyant le Saint Sébastien du Lombard Giovanni-Antonio Bazzi, semblable à notre Saint Sébastien du Pérugin. Ils sont l’un et l’autre d’une exquise harmonie de formes, celui du Pérugin moins frêle et moins féminin, le visage plus calme sur un corps moins tourmenté ; mais tous deux ont la même attitude, le même raccourci de la tête rejetée en arrière sur les épaules tombantes qui ne sont pas des épaules de colosses, mais de jolies épaules d’enfants presque, aux lignes fragiles et élégantes, et si peu faites pour souffrir !

Bazzi, que j’aimai tant à la Farnésine, a mis dans la figure de son martyr une expression de souffrance profonde et résignée concentrée toute en les larmes douloureuses qui baignent les yeux adorablement beaux du jeune saint ; et cette souffrance si doucement supportée n’enlève rien à l’harmonieuse régularité des traits. Des flèches cruelles déchirent et font saigner sa chair délicate ; son corps s’abandonne, parce qu’il n’est déjà plus de ce monde d’où se détournent ses clairs regards confiants en les promesses d’un ange aux ailes d’or déployées sur sa tête, et dont les mains vont poser sur son front glorieux la couronne d’immatérielles orfèvreries.

La chair du jeune martyr ploie dans le frisson d’une indéfinissable langueur douloureuse et paisible, et peut-être est-il pénétré de délicieuses sensations répandues en son être ravi, extasié et recevant déjà le