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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/127

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Le duc fut assez étonné de cette réponse.

— Mais ton mariage avec Cornélius, veux-tu donc le rompre ?

— Ne suis-je pas à toi, répondit Bella ; ne dois-je pas avoir de toi un enfant qui reconduira mon peuple dans sa patrie ?

— À quel peuple appartiens-tu donc, ma chère Bella ? demanda le duc, ne me cache rien, je te traiterai toujours en princesse ; mais je voudrais savoir si le sort a été juste envers toi, et s’il t’a donné un rang digne de toi.

— Mon père était le duc Michel d’Égypte, dit Bella émue, je suis le dernier rejeton de cette vieille race, qui, traversant les révolutions tantôt triomphante, tantôt vaincue, a conservé toute son indépendance. Je suis le dernier enfant de ma famille ; mon père est mort victime de la persécution qui s’appesantit sur notre peuple ; mais une vieille prédiction dit qu’un enfant, né de moi et d’un souverain puissant, rassemblera les derniers restes de mon peuple persécuté, et les ramènera aux bords fertiles du Nil.

— J’ai toute confiance en ce que tu viens de m’avouer, répondit le duc ; mais dis-moi cependant, qu’est-ce qui te portait à te marier avec ton petit ami, en m’abandonnant ; comment pouvais-tu vouloir te