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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/163

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Là il s’arrêta, rejeta son manteau sur son bras, découvrit une lanterne d’où il tira un cierge allumé, et le piqua devant l’image de la sainte Mère ; puis il chanta sur un autre air :


La sainte Mère ne pense plus à moi,
Notre Père ne pense plus à moi.
Cependant j’allume ce cierge pour la sainte Mère,
Et je crois au céleste Père.


Lorsque le cierge éclaira le visage du jeune homme, Bella se souvint de l’avoir vu plusieurs fois devant sa maison, lorsqu’elle regardait dans la rue. Elle se supposa et non sans raison la cause de ses tourments, et comprit qu’il la croyait mariée. Un amour pur et fidèle lui était resté inconnu, tandis que celui qu’elle aimait l’abandonnait pour une aventurière.

Fallait-il donner son amour à ce malheureux ? C’était sauver une vie pleine de dévouement et de respect. Elle se dirigeait déjà vers le jeune chanteur pour se faire connaître et lui découvrir sa naissance et sa nation ; en ce moment la lune vint éclairer un clocher voisin, qui se dressa devant elle et lui rappela les pyramides de l’Égypte et sa patrie ; cette illusion chassa toute idée d’amour.

Un des garçons chanteurs fit le tour de l’assemblée tenant une chandelle d’une main, un plateau de