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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/164

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l’autre ; il passa également devant elle ; ce plateau ne contenait que des fruits, quelques poires et quelques pommes, restes du repas que les enfants leur avaient donnés ; aussi Bella croyant qu’on les lui offrait, prit une poire et la porta à sa bouche. Le garçon la regarda avec étonnement et lui fit comprendre qu’il fallait payer ; Bella, fort embarrassée, porta la main à sa poche, et prenant pour de l’argent un vieux bouton que le domestique y avait laissé, elle le déposa dans le plateau ; le garçon se mit à rire, et appela toute la bande qui lui ordonna, puisqu’elle n’avait pas d’argent, de chanter son plus beau lied.

La pauvre Bella était dans le plus grand effroi, aucun lied ne lui revenait à la mémoire au moment où elle était obligée de chanter. Enfin, elle se leva, et dans sa douleur chanta ce qui suit :


Celui qui s’est frappé contre une pierre
Saute haut ;
Son visage dit : Hélas ! et malheur !
Appellerez-vous cela danser ?

Celui que l’amour a trompé
Crie haut ;
Sa voix dit : Hélas ! et malheur !
Appellerez-vous cela chanter ?

Ô douleur ! Comment pourrais-je te chanter ?
Tu es si dure pour moi !