Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/264

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beauté, ce qui faisait du dimanche une petite fête hebdomadaire où l’on ne manquait pas de rapporter les nouveautés du jour.

Il arriva qu’un dimanche de printemps l’attention de la noble dame fut attirée par les gens qui couraient dans les rues après quelque chose d’extraordinaire. Ce quelque chose n’était autre que le lieutenant, ou bien plutôt l’extérieur renouvelé du lieutenant : un chapeau neuf et moderne, avec des vraies plumes, un brillant baudrier, un nouvel uniforme aux basques plus étroites, les poches de la veste raccourcies, une culotte neuve de velours noir, annonçaient qu’une nouvelle période allait s’ouvrir dans l’histoire du monde.

Le lieutenant entra chez la dame le visage joyeux, il accourait lui faire son rapport.

— Chère cousine, lui dit-il, l’héritier du Majorat arrive aujourd’hui ; sa mère est morte, et une malade prophétesse lui a conseillé de venir ici, où il trouverait le repos qui lui est nécessaire, après les violentes fièvres qui ont attaqué sa santé. Maintenant, figurez-vous que le jeune homme, sur les récits de sa mère, a pris en haine l’hôtel du Majorat : il veut s’établir chez moi, et m’a prié de lui préparer une chambre dans une maison ; en même temps il m’a envoyé de l’ar-