Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/294

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le père de voir la naissance d’une fille renverser tous ses projets ; que, profitant de cette crainte toujours croissante, une dame noble le persuade de prendre un enfant dont elle était accouchée en secret la semaine précédente ; qu’on ait pris une sage-femme adroite, et que ce soit moi qui sois née au lieu de celui qui passe pour l’héritier de sa famille. On me remit à un Juif obligeant, qui, outre le profit qu’il en retirait, espérait gagner d’un autre côté quelque chose pour sa religion. Avez-vous lu Nathan le sage ?

l’héritier du majorat. — Non.

esther. — Tant pis. On vous a approché du sein de ma mère, comme on donne des œufs de coucou à couver au rossignol. Cela soit dit sans mauvaise intention. Je n’ai su tout cela qu’à la mort de mon père nourricier ; il m’assura que l’argent qu’il me laissait valait plus que ce qui me serait resté après l’institution du Majorat ; qu’il avait reçu le triple d’argent du vieux seigneur du Majorat pour garder le secret, et que ç’avait été l’origine de son commerce important. Vous êtes interdit, vous ne savez pas ce que vous devez faire. Vous maudissez cet orgueil du genre humain qui veut conserver son nom pur et sans mélange ? Mais qu’y a-t-il à faire ? Rendez heureux votre ridicule cousin, en lui laissant toute votre richesse dont vous lui avez déjà