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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/322

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tait, elle le pressa de lui raconter la cause de cette querelle qu’il avait eue à la cour.

Le pauvre homme se jeta à ses pieds, et la supplia de garder l’histoire secrète ; elle le lui promit, à condition qu’il ne s’opposerait à aucun de ses caprices. Il lui fallut donc souffrir que les chiens de Madame, un jour qu’elle s’était fait montrer la collection et avait laissé l’armoire ouverte à dessein, jouassent avec ces précieuses armoiries et les déchirassent dans leurs jeux. Il ne lui était plus possible de vivre régulièrement, car la dame lui dérangeait toutes ses heures, sous prétexte que ses chiens avaient envie de dîner plus tôt ou plus tard. Il n’avait plus le temps de faire sa promenade habituelle depuis que sa femme lui avait donné un certain nombre de chiens de chasse à dresser. La bonne vieille Ursule essayait bien de l’exciter à la résistance ; mais il faiblissait rien qu’à la pensée que la nuit suivante l’esprit pourrait sortir de nouveau du flacon, et il finit par la renvoyer. Il portait l’angoisse et le trouble dans son cœur, comme un coq battu qui s’est sauvé une fois devant son rival.

La dame savait bien que c’était là son côté faible, et profita de cette peur pour le chasser de toutes les grandes chambres, jusque dans un grenier, tandis qu’elle installait dans les plus beaux appartements de