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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/53

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d’elle si près qu’elle ne pouvait pas le battre, et que ce qu’elle avait de mieux à faire, c’était de l’embrasser.

Après cette victoire, il se mit à ramasser les racines qui jonchaient la chambre et qui avaient été jetées là, non pas par le duc Michel, mais par la vieille Braka qui, dans son ignorance, les avait abandonnées parce qu’elles ne pouvaient pas lui servir. Le petit tomba par hasard sur une racine de force-porte ; aussitôt il se mit à sauter de la manière la plus risible sur la table et sur les chaises, tête en haut, tête en bas, tandis que Bella, effrayée et craignant pour ses yeux postérieurs courait après lui comme une poule après son poussin, sans pouvoir le rattraper.

Il sut bientôt fouiller dans tous les coins et chercher ce dont il avait besoin ; il trouva d’abord la racine d’éloquence que les verts perroquets ramassent sur les hautes cimes du Chimborazo, et viennent dans la plaine échanger avec les serpents contre les pommes de l’arbre défendu ; arracher cette racine aux serpents, le diable seul le peut ; l’obtenir de ce dernier est fort difficile, et plus d’un y a consumé vainement sa vie.

Aussitôt qu’il eut mangé cette racine, assez dégoûtante du reste, il sauta sur le poêle. — Comme