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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Depuis qu’elle est allée au rendez-vous de M. Hyacinthe, Marie Davernis est devenue facétieuse. Elle se livre à de futiles plaisanteries. Ainsi elle crie : « Coucou, ma petite cousine. » Elle met les mains sur les yeux d’Arlette, saisie par derrière, et crie de sa voix naturelle : « Devinez qui est là ! » Arlette l’excuse en se disant : « C’est une enfant ! »

Pourtant elle s’inquiète. Elle pensait que, dès le lendemain, M. Ulysse solliciterait sa main. Non pas, certes, que dans l’ombre de la cathédrale il eût proféré des phrases définitives. Mais le fait d’avoir organisé cette rencontre lui paraissait suffisamment significatif. Or, depuis quinze jours, il a observé le silence le plus complet.

— Croyez-vous, Arlette, que je doive désespérer ?

— Mais non, ma cousine, répond Arlette en riant. M. Hyacinthe jouit d’une excellente réputation. Il n’y a pas à craindre qu’il vous entraîne dans une aventure déshonnête.

— Ah ! tant mieux !

— Vous vous marierez et vous aurez beaucoup d’enfants…

— Oh ! à mon âge…

— À votre âge, ma cousine, on a toujours des jumeaux.

— Pourvu qu’ils ressemblent à leur père !…

Marie Davernis passe du scepticisme le plus blasé à l’enthousiasme le moins justifié. Les boniments d’Arlette la bouleversent complètement. Elle sent tellement que c’est toute sa vie qui se joue…

— Eh bien ! ma cousine, calmez-vous… Cet après-midi j’irai voir votre…

— Mon soupirant ?

— Si vous voulez… Et je le secouerai d’importance…

— Oh ! pas trop !

— Non, non, mais suffisamment. Il en a besoin !…

— Merci, Arlette, merci !…

Après le dîner, pendant que les quatre sœurs se font embuer par la lessive, Arlette se dirige vers le collège. Elle rencontre M. Hyacinthe juste sous le portail, à l’entrée de la cour. Les élèves sont en récréation. On