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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

que Telcide pourra entrer par l’une ou l’autre, il lui fera toujours face.

— Bonjour, monsieur…

— Bonjour, mademoiselle…

L’aînée des Davernis entre, très digne, les mains croisées sur sa maigre poitrine comme si celle-ci avait besoin d’être soutenue :

— Vous avez exprimé, monsieur, le désir de me voir ?

— Oui, mademoiselle, je m’adresse à vous comme à la représentante la plus qualifiée d’une famille « que je vénère et que je respecte »…

(Telcide salue pour bien montrer qu’elle apprécie l’excellence de ce préambule…)

— Si ma pauvre maman vivait encore, c’est elle qui aurait fait la démarche dont je m’acquitte actuellement. En cette circonstance mémorable, je ne peux m’empêcher de lui adresser un souvenir ému…

(Telcide resalue. Elle a toujours été très sensible à la note sentimentale.)

— Mademoiselle, le cœur humain a des faiblesses. Ce qui est arrivé à d’autres hommes m’est arrivé à moi, professeur : j’aime. Tous les sentiments sont respectables, n’est-ce pas ? dès qu’ils sont sincères. Je remets mon sort entre vos mains. Je connais votre indulgence et votre bonté…

(Telcide reresalue. Elle ne déteste point qu’on la flatte.)

— Vous voudrez bien prendre en considération la supplique que je vous adresse. J’ai l’honneur de vous demander la main de votre sœur Mlle Marie… Ce disant, il fait un pas en avant. Il s’attend à ce que Telcide défaille. Comme Arlette, en riant, le lui a recommandé, il a, dans la poche de son gilet, un flacon de sels. Mais il ne s’en servira point. Telcide garde tout son sang-froid :

— Monsieur Hyacinthe, dit-elle, je suis très touchée de la délicate pensée que vous avez eue de vous confier à moi. Je vous en remercie…

(C’est au tour du professeur de saluer… Il le fait avec d’autant plus de plaisir qu’il se réjouit de n’avoir plus à parler.)