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Page:Actes du Congrès international de philosophie scientifique - I. Philosophie scientifique et Empirisme logique, 1935.djvu/30

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I. 26 PHILOSOPHIE SCIENTIFIQUE ET EMPIRISME LOGIQUE


Il ne suffit pas de reconnaître ce qu’il y a de faux dans la conception Kantienne de quelque chose d’universel et d’absolu qui soit présupposé nécessairement par la possibilité de l’expérience. Cette théorie est certes dépassée par maints développements de la pensée scientifique contemporaine. Mais il y a lieu de chercher à comprendre le sens exact de cette leçon de l’histoire. Pour ma part je suis convaincu qu’il convient encore de reconnaître un rôle à l’activité de l’esprit qui construit la synthèse scientifique, en tâchant de satisfaire autant que possible à certaines exigences subjectives de compréhensibilité : principe de raison suffisante, contiguïté de l’action causale suivant l’espace et le temps, sont parmi ces exigences, qui à la vérité n’imposent pas un cadre rigide aux théories du savant, mais qui, se pliant elles-mêmes aux buts poursuivis et se soumettant aux résultats des expériences antérieures, tendent tout de même à être satisfaites par la construction de celui-ci.


Les remarques qui précèdent, sous la forme d’une critique à une philosophie du passé, visent aussi les courants renouvelés de la pensée que le programme de notre Congrès semble confondre un peu avec la « philosophie scientifique » tout court ; j’entends le « logicisme empirique ».

Je prends beaucoup d’intérêt aux idées et aux critiques des philosophes éminents qui représentent cette école ; mais je serais moins disposé à admettre que leur système constitue la seule philosophie vraiment scientifique.

J’ai indiqué tout à l’heure les doutes que soulève l’empirisme ou tout au moins les restrictions sans lesquelles je ne saurais l’accepter ; je me défie davantage du logicisme. La raison qui construit la science, et qui se révèle par. l’évolution historique de la pensée, ne saurait s’expliquer par une analyse purement logique. En tous cas, la logique elle-même pose un problème qui intéresse de près la théorie de la connaissance : qu’est-ce que signifie la logique ; est-elle une analyse des opérations de la pensée exacte, ou au contraire vise-t-elle des relations qui sont — de quelque manière — en dehors de notre esprit ? Si on tient pour vraie la seconde réponse, craignant le psychologisme décrié de la première, on se retrouve tout près de la position du moyen âge, oscillant entre le réalisme métaphysique et le nominalisme. Ce n’est pas sans signification qu’un vaste mouvement réaliste soit sorti de la logistique de Bertrand Russell, lors même que l’auteur lui-même devait retourner plus tard au nominalisme.

En effet, si l’on se refuse à chercher l’objet de la logique dans les