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Page:Actes du Congrès international de philosophie scientifique - I. Philosophie scientifique et Empirisme logique, 1935.djvu/32

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XI
L’empirisme logistique et la désagrégation de l’a priori.
Hans REICHENBACH (Istanbul).




Au commencement de notre Congrès de Philosophie scientifique, permettez-moi de donner, en quelques grandes lignes, une esquisse du développement historique qui a abouti au mouvement que nous appelons aujourd’hui l’empirisme logistique. Nos discussions des jours suivants seront remplies par quantité de questions précises, questions de principe et questions de détail, et nous n’aurons plus le temps de les envisager sous un point de vue historique, de les situer comme une étape atteinte de nos jours sur la ligne continue du développement de la pensée humaine. Et ce sera en effet inutile, même dangereux d’essayer un classement historique au milieu d’une discussion de fait ; car les solutions des problèmes ne sont jamais fournies par des considérations historiques — ce sont les choses qu’il faut faire parler, les objets de la réflexion, pour en trouver l’ordonnance logique si ardemment cherchée par nous tous. Mais avant d’entrer en plein dans nos discussions, il ne sera pas inutile, en guise d’introduction, comme ouverture de notre Congrès, de tourner nos pensées vers le courant historique d’idées qui nous emporte, qui nous a portés jusqu’ici et qui détermine notre place dans l’histoire de la pensée humaine.

Ce courant historique a commencé avec l’élan de la science moderne, inauguré au temps prodigieux de la Renaissance et marqué par les grands noms d’un Copernic, d’un Galilée, d’un Képler, d’un Newton et de tant d’autres. La création de ce que nous appelons science date de ce temps-là ; ainsi que la méthode de questionner empiriquement la nature, au moyen d’expériences consciemment et systématique-