Page:Adam - Du cardinal de Richelieu au maréchal de Mac-Mahon, paru dans Le Temps, 17 avril 1905.djvu/12

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la gloire arrachée à nos généraux, à nos soldats et à nos diplomates par la puissance de l’astuce et de la vigueur germaniques. Et ces faits spirituels il les tient pour intéressants au même titre que des victoires militaires. C’est la thèse de l’esprit fécond comme la force.

Voilà comment l’historien synthétiste conçoit le réel de la vie nationale. Ce sont ces exploits qu’il aime noter, qu’il tire de l’ombre, qu’il consigne au livre d’or. Il sent que l’héroïsme du travail assure au peuple la possession d’une conscience, et d’une noblesse imprescriptibles. Quelles qu’eussent été les catastrophes, rien n’entamait à fond notre existence, parce que le génie de la race était nanti pour la sauver malgré tout et pour découvrir le remède nécessaire aux plus affreuses blessures. Depuis que la tradition fut ensevelie dans la tombe du comte de Chambord, avec l’ancien drapeau des rois et les insignes de la catholicité politique, c’est vers une autre souveraineté que doit se tourner la nation, vers la souveraineté de l’intelligence laborieuse et créatrice. Et tous les faits qui révèlent cette vertu désignent ainsi la seule énergie propre aux triomphes de l’avenir, la seule morale efficiente. Une éthique entière se déduira de nos annales ainsi comprises.