Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Tu n’as pas aimé… Despoïna,… accusait toujours Marie… Oh !… me voici déjà une chose morte.

Ayant dit, elle se jeta contre terre.

— Ta peine me fait mal.

La victime voulut éviter cette forme impériale enveloppée de voiles et d’or qui se penchait vers sa misère :

— N’approche pas… N’approche pas ta cruauté de ma faiblesse…

— Lève ton visage vers moi,… commanda l’impératrice, les mains offertes.

L’épouse s’enveloppait la figure dans son voile.

— Regarde, Marie, regarde :… mes yeux larmoient.

Elle délia les bras de Marie et la contraignit à la voir, doucement.

— Ah ! tu as donc aimé, toi… Maîtresse du monde ! Essence des Éons, Langue du Théos ! Oh ! tu as aimé.

— Tu le vois, puisque je pleure avec toi.

— Tu as aimé et tu me demandes d’obéir, d’abolir pour jamais la félicité de le voir !…

— Je te le demande… ; mais j’ai le droit de te le demander.

Irène dit cela d’un ton ferme et noble, malgré le grelottement des mots.

— Toi aussi tu as cessé de le voir ?… demanda Marie, qui crut deviner… Mais il n’est plus vivant, l’empereur Léon !

L’Athénienne secoua la tête :

— Ce n’était pas l’empereur Léon.