Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/120

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autour de leurs jambes, et ils portaient des escarpins sans boucles.

Sur le fauteuil du parrain, le velours d’Utrecht jaune était verdi à la place de la tête, et les fleurages s’effaçaient parmi l’usure des accoudoirs. Devant l’âtre de ce salon, où l’enfant vivait surtout, quatre morceaux du plancher se déboîtaient aisément ; un autre restait entamé par la brûlure d’une bûche ancienne. Omer s’amusait encore à défaire ces plaques de bois, pour voir, en dessous, le ciment, puis à les juxtaposer de nouveau, sans erreur. Devant les portes des chambres, dans les corridors, les tentures pendaient en loques, et partout la peinture des boiseries s’écaillait au long des fentes, se noircissait à l’endroit où les mains touchent les portes, où le balai heurte les plinthes.

Chez tante Aurélie, faubourg saint-Honoré, chez tante Malvina, faubourg Saint-Germain, tout au contraire, les murs brillent, sans tache, entre les cannelures des colonnes. Les planchers égaux mirent les griffes de bronze terminant les sièges et les tables. De légères tentures de soie verte ou bleue, présentent les dessins de leurs damas ; mille bibelots précieux, statuettes de métal et d’ivoire, assiettes peintes, pendules en forme de temples ou de lyres, intéressent les yeux. Chez elles, Omer concevait mieux l’obligation de se tenir sage pour ne rien écorner ou tacher de ces choses admirables.

Au château de Lorraine, tout se flétrissait. Omer ne pensa point que les rares amis venus en visite, le curé surtout, pussent être moins bien logés. De Nancy, les maisons lui semblaient seulement les annexes des boutiques, et les marchands des domestiques spéciaux empressés de satisfaire et de servir, non moins que Céline, ou bien la fermière Eulalie, quand elle courait quérir des œufs au poulailler, si maman Virginie maugréait trop.