Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/169

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Il le rattrapa, puis entonna de toute sa force l’air des alliés : vive Guillaume et ses guerriers vaillants ! de ce royaume il sauve les enfants. par sa victoire il nous donne la paix, et compte sa gloire par ses nombreux bienfaits. ― veux-tu te taire, royaliste à trente-six sols ! ― lui reprocha brusquement un ouvrier en veste bleue, les mains dans les poches… ― de quoi ? ― où que tu touches ton argent ? Chez la police ?… ― tout doux, s’il vous plaît, l’homme à la casquette ! ― tu travailles dans les mouches… ça se voit… acclamer l’ennemi !… t’as pas de cœur, salaud ! ― là ! Là ! ― prends garde à te taire… si tu ne veux pas que je t’apprenne à danser la moscovite… as-tu compris, mon ami ?… ― mossieur est des amis de Buonaparte !… ― si je veux… et décampe un peu vite, ouste !… par file à gauche, ou je t’indique le chemin de la poterne, en deux temps… ― mossieur a poussé les cailloux… ça se voit… cent personnes déjà formaient le cercle autour de la dispute, mais un garde civil s’approcha. Dès qu’on aperçut sa redingote boutonnée et son gourdin municipal, les gens se dispersèrent en murmurant. ― la tarte, mes enfants ! ― annonçait en arrière, dans le salon, la voix délicieuse de la tante Aurélie. Le marmiton de Frascati retira de la corbeille ses