Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/422

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tes de belle taille et de figure noble, vous êtes un héros : général à moins de quarante ans ! Quelle femme, quelle fille n’aimerait se montrer à votre bras ?… ah ! ça vous arrivera, monsieur le veuf, ça vous arrivera… j’ai bien peur que vous ne soyez une mauvaise caution pour mes colliers. Elle se laissa rire, puis imita la moue penaude d’une écolière privée de cerises. Ce dont chacun se réjouit, même le comte de Praxi-Blassans qui vint écouter, la tabatière à la main, et la prise au pouce. Son menton osseux avançait sous le profil à perruque. Son squelette large, mais sans chair, remplissait l’habit sombre de la pairie, et le gilet de moire blanche que traversait le cordon bleu ; ses jambes sèches piétinaient impatiemment. Désireux de détourner les propos, l’oncle Augustin lui communiqua les idées d’Omer, et ses intentions d’étudier la théologie. Le général offrait au jeune homme un appartement dans son hôtel ; tout s’arrangerait. ― fort bien ! Fort bien ! ― approuva le tuteur qui renforçait par impertinence son accent nasillard. ― vous désirez donc qu’il reste à Paris ? Ma foi, j’y consentirais… j’aime autant le voir hors du collège et le tenir de près. Mais il faut qu’il gagne cela… soyez bachelier, monsieur mon neveu, d’abord. Deux mois suffisent pour préparer l’examen. Il n’y a point d’exemple qu’un bon élève, sur la fin de ses humanités, n’ait pu brûler les dernières étapes. Le père Ronsin me trouvera quelque précepteur actif. Mettez-vous au travail dès demain, s’il vous plaît… Denise vous surveillerez votre frère. Omer était trop content de se prévoir à Paris, étudiant bientôt, logé chez le général, avec la double pension de Caroline et de sa mère, pour objecter quoi que ce fût aux ordres du comte. Il saisit le bras d’édouard, lui énuméra les plaisirs de ses projets. La