Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/435

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cet ami de votre père, au général Pithouët, en dépit de ses accointances avec le général Foy. N’oubliez même point de porter vos pas jusqu’à l’imprimerie de Pied-De-Jacinthe, rue croix-des-petits-champs. L’ancien maréchal des logis qui menait le peloton de ce pauvre Bernard à Moesskirch tire les libelles de Mm. Manuel et Laffite. Si l’on vous reproche ces fréquentations, invoquez votre sentiment filial et le désir d’entendre parler de votre père par ses compagnons d’armes. Les jésuites n’en croiront pas un mot ; cependant ils s’estimeront empêchés de faire un éclat, quoi qu’il arrive. Protestez en outre de votre dévotion à la liberté et de votre haine envers la tyrannie, en accolant à celle-ci le nom des Bonapartes, et à celle-là la louange de sa majesté. Vous entendrez chacun discourir à propos de ce parallèle… nous approchons… secouez-vous, de grâce…, et me dégelez votre langue. Prestement, sans le secours du chasseur, M. De Praxi-Blassans sauta sur le trottoir, pirouetta dans son habit rougeâtre, heurta l’huis d’une maison ancienne aux murs récemment badigeonnés. Derrière son oncle, passé les herbes d’un étroit jardin, le jeune homme gravit un perron, s’engagea dans des corridors où l’éblouit la brusque et fraîche obscurité succédant à l’intense clarté du dehors. Une porte s’entre-bâilla. La stature du général baron de Cavanon fut reconnue. Il tendit le goupillon d’eau bénite. Une voix lisait en chaire. Le comte se signa ; lui et son neveu se prosternèrent ensemble sur les dalles, dans la direction de l’autel qui bornait la longueur de la chapelle. Des auditeurs recueillis la remplissaient. ― communiez-vous ? ― interrogea le murmure du baron. Et, sur l’affirmative, il fut vers un tableau noir marquer le nom à la craie sous plusieurs autres. ― j’ai une dispense de sa sainteté pour le jeûne expliqua M. De Praxi-Blassans à l’oreille de son neveu, qui