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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/436

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savourait encore le goût de la volaille mangée de compagnie.

Or le pape même ne dispense pas du jeûne réglementaire précédant la sainte absorption de l’hostie. Cependant le comte recevait la nourriture sacramentelle, le jeune homme s’ébahissait. Pour chancelante que fût sa foi, il n’eut osé pareille infraction.

― Omer, relevez-vous. Allez prendre place près de la porte. Je vous ferai quérir lorsqu’il sera temps.

Le baron l’installa au coin d’une banquette. Édouard était assis tout près, attentif à l’épisode de la Vie des Saints que M. De Noailles, sévère et roide, psalmodiait d’une voix légèrement poussive. Au fond du chœur, derrière la croix, une bannière de pourpre élevait la maxime brodée d’argent, cor unum, anima, una, qu’Omer avait lue sur les bagues de ses cousins et certain papier à lettres de Praxi-Blassans. Il distingua le corps monumental de Son Éminence Castiglioni, dans un fauteuil à droite de l’autel. M. de Praxi-Blassans, après l’avoir salué, fut choisir une chaise à gauche, entre deux personnages solennels. D’autres congréganistes entrèrent successivement, touchèrent le goupillon, se prosternèrent, prièrent un instant, et allèrent occuper leurs places sur les banquettes de velours bleu-ciel qui garnissaient la salle entière. Lambrissés à mi-hauteur, les murs étaient, au-dessus, illustrés par les tableaux d’un chemin de la croix.

Enfin l’officiant, le Père Ronsin, revêtu de la chasuble, s’avança, précédé de quatre gentilshommes à cordon bleu. L’un, vieillard menu, trottinait, agitant la clochette. Un autre, maigre et chauve, portant les burettes, traînait la jambe sur le damier de marbre. Quand le cortège eut atteint le pied de l’autel, chacun s’agenouilla. La messe fut dite jusqu’à la communion sans particularité. Le récipiendaire y prêta toute son attention. Véritablement il désirait acquérir cette fer-