Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/221

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216 _ LE sEm·i·:N<r Nom hordes avaient dû vivre, ai l’abri de cette grotte, dans la peur des dragons et des léviathans que recelait, sans doute, chacun de ces antres frappés par les flots incessants, masqués d‘écnme, puis vidés par le reflux, pour se remplir bientôt d’une nouvelle vague agres- sive, Madame Hélène assura que d’effroyables ichthyo- s saures avaient du persister longtemps la, quand, a la surface du globe, tonte leur espece avait disparu, et qu'ils avaient apparemment inspiré ces légendes glo- rieuses pour les saints et les chevaliers extermina- teurs de monstres. Quelle tendre Andromède, gardée dans cette grotte par un ichthyosaure pachydernie, n`avait plus espéré le courage d`un Persée, volant de la falaise, la lance au poing, sur un cheval ailé? Et elle nous décrivit toute une scène précieuse, peinte par Gustave Moreau, dans un paysage d’eaux ton- nantes et de granits impassibles. I G-oulvon écoutait'comme un enfant sage en classe. Sa figure rase, extrêmement jeune, ses yeux tantôt naïfs et tantôt perçants, son costume de cycliste, son maigre corps alerte, son chapeau à rubans de velours lui prêtaient une mine écoliere, innocente. ll vibrait au son de la voix que modulait la splendide créature en deuil sous sa couronne d’algues noires tressées par l’artiste la plus experte de Paris. Debout a la cime d’une roche, madame Hélène s’amusait il choisir ses ' mots, ses phrases, à raffiner sa pensée, pour lui, certes. Car elle me savait indifférent a la littérature. M"‘¤ La Revelliere Finterrompit en prévenant Gil- berte contre la fraicheur du lieu, Fétroitesse de la sente, les possibilités du vertige, la traîtrise des pier- res visquenses que saupoudre la poussière des eaux rejaillies. Elle craignait qu’on n‘0ubliât les ombrelles,