Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/249

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malveillance que met Palmerston quand il s’agit d’une œuvre française. Cobden et Michel Chevalier en ont souffert assez. La campagne de Palmerston contre Suez devrait vous faire tous soutenir Lesseps au lieu de l’attaquer. Vous savez bien qu’il va répétant partout que, lui vivant, le canal ne se fera pas, que c’est une escroquerie. Mon cher Arlès, quand Lesseps passera à Paris, je vous conduirai à lui, et vous êtes trop français pour ne pas lui dire : « Réussissez et vous aurez bien mérité de l’École « saint-simonienne et de la France. » Avant trois mois la société du canal sera constituée et vous vous en réjouirez, j’en suis certain.

— On fait ce qu’on veut d’Arlès, avec des paroles comme celles-là, dit Lambert-bey ; il ira embrasser Lesseps, j’en suis sûr, mais les banquiers saint-simoniens, eux, ne pardonneront pas.

— Je comprends, dit Girardin, que les saint-simoniens aient gros cœur, car ils savent conduire l’entreprise de grands travaux, de ne pas compter celui-là à leur avoir ; mais Lesseps seul, croyez-moi, a pu jusqu’ici et peut encore lutter contre l’Angleterre.

— Un homme n’amasse pas en vain tant de haines, répliqua Lambert-bey, et il faudra voir la fin de tout cela. Si le canal échoue, il restera à l’actif de la France ; s’il réussit, les Anglais l’achèteront comme ils achètent tout quand ça vaut la peine.