Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/220

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fête dont la splendeur devait surpasser tout ce qu’on avait vu jusqu’à ce jour. M. de la Poplinière fit obtenir à Rameau la direction du concert qu’on devait y donner. La fête eut lieu le 16 août dans l’hôtel du chevalier Bernard, rue Neuve-Notre-Dame-des-Victoires. À sept heures du soir toutes les façades de l’hôtel furent illuminées d’une quantité prodigieuse de lampions et de terrines. Cette magnifique illumination ne se bornait pas à l’hôtel ; pour éclairer plus loin les carrosses, on avait garni le mur du jardin des Petits-Pères de terrines posées sur des consoles, depuis l’église jusqu’à l’angle, et très-avant dans la rue Neuve-Saint-Augustin. On n’aura pas de peine à s’imaginer le brillant de cette illumination, quand on saura que tous les lampions et terrines étaient garnis de cire blanche, précaution que l’on avait cru devoir prendre pour éviter la mauvaise odeur et préserver les habits des dames et autres conviés qui étaient obligés de passer sous des arcades illuminées. Le concert qui ouvrit la fête fut des plus magnifiques ; Rameau avait mis son amour-propre à faire choix des plus habiles exécutants et des meilleurs morceaux. Après le concert, les conviés passèrent dans une immense salle construite exprès dans les jardins de l’hôtel, où était dressée une table en fer à cheval de plus de soixante-dix couverts. Pendant tout le repas, on entendit une symphonie mélodieuse, placée dans les tribunes, interrompue par intervalles par des fanfares de trompettes et de timbales. Au milieu du souper, les sieurs Charpentier et Danguy, célèbres concertants,