Page:Adam - Souvenirs d’un musicien.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nir un tour de faveur. La première représentation eut lieu le 7 mars 1781.

La partition de l’Eclipse totale est devenue assez rare ; il en existe une manuscrite à la bibliothèque du Conservatoire, encore est-elle incomplète et ne renferme-t-elle pas les derniers morceaux de l’ouvrage. C’est la seule que j’aie pu consulter, et j’avoue que rien ne m’a paru y justifier le succès de l’ouvrage et les éloges que la musique en particulier reçut de tous les recueils du temps qui rendirent compte de la pièce. Monsigny et Grétry avaient déjà donné plusieurs de leurs chefs-d’œuvre, et l’éducation musicale du public devait être assez avancée pour qu’on ait peine à comprendre l’unanimité d’éloges que s’attira la nouvelle partition. Il ne faut pas oublier cependant qu’elle ne fut jugée que comme l’œuvre d’un amateur, et qu’alors le plus grand mérite du musicien, aux yeux du public, était de se faire assez petit pour passer inaperçu, et se faire pardonner sa musique en faveur de la pièce. Dalayrac était doué d’un sentiment scénique si naturel et si excellent, que, dès son premier ouvrage, il sut se mettre à la portée du goût et de l’exigence du public.

L’étude musicale de cette partition n’offre donc rien de bien intéressant. On y remarque cependant une instrumentation moins nue que celle des œuvres contemporaines de Grétry et de Monsigny ; mais l’harmonie est pauvre, sans finesse, et sent encore l’amateur. La mélodie est facile et abondante, mais un peu commune.