Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/147

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après l’autre dans ce Castello d’Ischia et dans cette crypte, puis elle les y enfermait, une fois sa passion assouvie, enchaînés, à genoux, priant pour leur âme en face du tombeau qui recevait leur cadavre.

Muriel et le prince arrivaient aux derniers mots de la légende. Elle eut un léger frisson que Gérard aperçut. Un instant, Maleine se sentit inquiet. Mais devant le gentil et tendre sourire de sa femme il se rassurait. Puis, il proposait de repartir : On étouffait ici, sans plus. Avides d’air et de lumière, ils préféraient errer vers le Palais du Roi.

Ils suivirent donc les ruelles tortueuses, mitraillés par le soleil qui fusait à travers les ruines et les feuillages. Des aloès griffus, de ce gris terne des torpilleurs, les arrêtèrent. Ils revinrent alors sur leur pas, et se trouvèrent devant un Belvédère aux arcades intactes qui encadrait dans son marbre blanc le chapelet des Îles bleues. Le profil de Muriel une minute se détacha sur ce fond virgilien. Et Gérard évoqua en même temps que la Psyché surhumaine le galbe des jeunes grecques qui s’en revenaient souriantes du bord de la fontaine.

— Moi aussi cela m’émeut… murmurait une voix près de Maleine. Nelly, soudain grave, reprenait :

— C’est maintenant, petit frère à qui j’ai fait malgré moi tant de peine, c’est maintenant que je