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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/140

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

voix parvenait, évoquant le sacrifice et la douleur, la transition mélancolique de la terre jusqu’au ciel, les âmes voyageuses, les étoiles éteintes.

— Je vous offre ma vie, murmurait Jacques… j’ai été élu par les anges pour vous demander au Seigneur. J’ai pour vous la passion ardente et mystique dont Madeleine désirait le Christ… Voyez si cet instant ne tient pas du miracle ! Je vous offre ma vie enthousiaste, immortelle. N’écoutez pas ce que le prêtre dit. Il n’existe ni misère, ni souffrance. La colline est pleine de parfums, le ciel est d’une limpidité tranquille. Il faut sourire et venir vers moi. Je vous aime.

Ainsi, l’exortation païenne se mêlait au mystère, se mêlait à la voix du prêtre. Et Contarinetta défaillait. Sans rien répondre, ses paupières baissées toujours comme des pétales hamides, elle semblait l’incarnation étrange du concert à la Vierge. Sa main, sans un mouvevement, abandonnée dans celle de Jacques était comme agonisante. L’hallucination des lèvres