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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/237

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LE RENDEZ-VOUS AU CLOITRE

seuil, s’arrêta, et d’un seul regard fut émerveillé.

C’était une cour intérieure, et toute exiguê et très vieille dont les dalles avaient l’air de claquer des dents, comme les sorcières, quand on entrait ; les arceaux, les colonnettes aux chapiteaux bizarres et non pareils, fusaient d’un retable en partie démon et supportaient des murs autrefois peints à fresques, sur lesquels, aujourd’hui, croulait de la vigne vierge. L’automne en avait pourpré les feuilles si bien que le long de la muraille grise et bleue les lianes saignaient comme une plaie. La nuit tombait, et sur elle, le silence. Le vent agitait la vigne, faiblement. Au milieu de la cour, un puits dont la margelle était usée, dont les têtes d’anges, les têtes ailées ne souriaient plus… Le silence. Plus de fenêtres à boules bleues, plus de coussins pour les caresses. Tout cela était mort, restait en façade. Ici l’oubli, ici la paix, ici la vieillesse tranquille. Et Jacques songeait aux

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